Spinoza parlait déjà de sophrologie…et Damasio l’enrichit

  • Une rencontre entre science et philosophie

Étonnant et passionnant, le livre Spinoza avait raison d’Antonio Damasio explore les liens profonds entre émotions, raison et équilibre intérieur.
Médecin et professeur en neurologie, neurosciences et psychologie, Damasio s’inspire de Spinoza, philosophe juif portugais du XVIIᵉ siècle (1632–1677).
Spinoza remettait déjà en cause la séparation entre le corps et l’esprit.

  • Une redécouverte inspirante

Damasio a découvert Spinoza dans sa jeunesse. Il l’a lu, admiré, puis mis de côté avant de le redécouvrir plus tard.
Tout est reparti d’une phrase retrouvée sur un vieux papier, longtemps après ses travaux en neurosciences.
Cette redécouverte agit comme un déclic. Elle l’amène à relire Spinoza à la lumière des découvertes modernes sur le cerveau et les émotions.

  • Une phrase fondatrice

Tout commence par cette citation :

« Le fondement de la vertu est l’effort même pour conserver son être propre… et le bonheur consiste pour l’homme à vouloir conserver son être. »

Autrement dit, chacun doit agir pour maintenir son équilibre intérieur.
Cet équilibre n’est pas donné, il se construit.
Spinoza nous rappelle que la stabilité de l’être dépend d’un effort conscient et constant.

  • Corps et esprit : une seule réalité vivante

Alors que Descartes séparait le corps et l’esprit, Spinoza propose une vision unifiée.
Pour lui, le corps et l’esprit jaillissent ensemble d’une même substance.
Ils interagissent en permanence et s’expriment en symbiose.
Les pensées, les émotions et les actions sont les deux faces d’une même réalité : la vie.

👉 En sophrologie, cette idée est centrale : le corps et l’esprit forment une unité indissociable.
Chaque pratique vise à renforcer ce lien, à harmoniser les sensations, les émotions et la conscience.

  • Joie et tristesse : des signaux du vivant

Spinoza, tout comme Damasio, voit la joie et la tristesse comme des manifestations vitales.
Elles traduisent l’état du corps dans son effort pour préserver la vie.
Ainsi, l’émotion n’est pas une faiblesse : elle est un message biologique et psychique.

👉 En sophrologie, on parle aussi de lecture du corps et des émotions.
Reconnaître ses ressentis permet de mieux comprendre ses besoins et d’adapter ses comportements.
C’est la base de l’autorégulation émotionnelle.

  • L’émotion, moteur de la raison

Damasio démontre scientifiquement que les émotions participent à la prise de décision.
Elles précèdent la pensée consciente et l’orientent.
Le signal émotionnel ne remplace pas la raison, il la complète et l’accélère.

👉 La sophrologie retrouve ici une idée clé : la conscience corporelle précède la réflexion.
En se connectant à ses sensations, on accède à une forme d’intelligence intuitive, apaisée et lucide.

  • Les sentiments : messagers du corps

Damasio définit le sentiment comme « un certain état du corps et un certain état d’esprit ».
Il précise :

« Les sentiments sont nos sentinelles. Ils informent notre soi conscient de l’état vécu de notre organisme. »

Les sentiments deviennent donc des messagers internes.
Ils traduisent la vie du corps à la conscience et guident l’action.

👉 La sophrologie parle aussi de prise de conscience du vécu corporel.
Chaque séance permet d’écouter ces signaux, d’y mettre des mots et d’agir avec plus de justesse.

  • L’équilibre émotionnel, clé du bonheur

Damasio et Spinoza convergent sur un point essentiel :

« Le bonheur est le pouvoir d’être libre vis-à-vis de la tyrannie des émotions négatives. »

Cela signifie qu’il ne s’agit pas d’éliminer les émotions, mais de ne plus s’y laisser submerger.
Trouver un équilibre entre émotions négatives et positives devient alors une forme de liberté.

👉 C’est précisément ce que recherche la sophrologie : restaurer l’équilibre émotionnel.
Les pratiques de respiration, de relaxation et d’évocation positive permettent d’apaiser les tensions et d’activer des émotions ressources.

  • Les émotions comme antidotes naturelles

Spinoza affirme :

« Un sentiment ne peut être contrarié ou supprimé que par un sentiment contraire et plus fort. »

Autrement dit, on ne chasse pas la peur par la raison, mais par une émotion plus apaisante.
Damasio confirme ce principe : les émotions négatives sont normales, mais elles peuvent être contrebalancées par des émotions positives.

👉 Cette vision rejoint la pratique du contrebalancement en sophrologie.
Cultiver la confiance, la sérénité ou la joie permet de réduire naturellement l’emprise du stress, de la colère ou de la peur.

  • L’imagination, source d’émotion

Spinoza note aussi :

« L’homme est affecté du même sentiment de joie ou de tristesse par l’image d’une chose passée, future ou présente. »

Ainsi, une simple image mentale peut provoquer une émotion réelle.

👉 C’est exactement le principe de l’évocation en sophrologie.
Les visualisations positives permettent de raviver des ressentis agréables et de renforcer des états internes bénéfiques.

  • Le corps comme guide de la pensée

Spinoza reconnaît déjà que les faits biologiques déterminent nos émotions et nos actions.
Il invite à écouter le corps, à percevoir ses signaux, à le considérer comme une boussole intérieure.

👉 Cette idée rejoint pleinement la sophrologie : écouter son corps, c’est écouter sa vérité.
En développant la conscience corporelle, on renforce la connaissance de soi et sa capacité d’adaptation.

Conclusion : une sagesse partagée

Spinoza avait raison montre à quel point la philosophie et la science se rejoignent.
Spinoza avait pressenti ce que Damasio démontre aujourd’hui : le corps et l’esprit forment un tout vivant et intelligent.
Les émotions ne s’opposent pas à la raison ; elles la nourrissent.

👉 La sophrologie s’inscrit directement dans cette lignée.
Elle met en pratique ce que Spinoza a pensé et ce que Damasio a prouvé :
le corps pense, le corps ressent, le corps guide.

Si vous ne l’avez pas lu, je vous le recommande. Ce livre éclaire autant la compréhension du cerveau que la pratique du vécu corporel, chère à la sophrologie.